samedi 10 janvier 2009

Retour au camp de base

Bonjour à tous,
Voilà l’équipe Modexp à nouveau réunit au camp de base et je vous rassure tous en bonne santé. Nous aimerions profiter de cette journée de repos pour vous remercier tous de votre assiduité et de vos nombreux messages de soutien. Même si nous avons eu beaucoup de difficultés à les lire tous (connexion Internet difficile), nous en avons lu plusieurs hier et nous en avons tous été grandement touchés. Aujourd’hui est une journée de repos forcé pour nous tous et il nous est tout particulièrement difficile d’être ici, car il s’agit de la journée du sommet et il fait un soleil magnifique ce matin. Mais pourquoi n’y sommes nous pas ? Que s’est-il réellement passé ?

Si l’heure n’est pas encore aux constats, nous aimerions tout de même démystifier pour vous ce qu’est le MAM, (Mal Aigu des Montagnes) ou en anglais le AMS (Acute Montain Sickness) « Acute » pour apparition soudaine, dont nous avons tous souffert. Personne ne pouvait prédire de quelle façon et à quelle degré le MAM allait nous affecter ici sur l’Aconcagua. Aucun entraînement, aucune préparation ne peut en prédire ces effets. S’il est possible d’en réduire les effets en suivant quelques règles de base, il est impossible de savoir comment le corps va réagir d’une fois à l’autre.

En effet, à une altitude donnée, la même personne peut se sentir bien une fois et la fois suivante en être atteinte de façon sévère.Votre âge et votre sexe affectent vos chances d’en subir les effets. Par exemple, les femmes semblent en subir moins les effets que les hommes. À une altitude modérée, les jeunes (35 et moins) semblent également être plus enclins à en subir les effets. Le risque d’en être atteint semble diminuer proportionnellement avec l’âge des sujets.

Les différentes études sur le sujet ne semblent pas encore pouvoir expliquer cet état de chose.Il est certainement essentiel d’être en bonne forme physique pour réaliser l’ascension de l’Aconcagua, mais cette bonne forme physique ne contribue en rien à diminuer le risque d’être atteint du MAM. À l’inverse, une très grande forme physique pourrait être un facteur favorisant l’apparition du MAM, principalement liée au rythme d’ascension.

Il y a différents degrés de MAM ; faible, modéré et sévère. La ligne les séparant n’est pas fixe et pas toujours évidente, mais se détermine par un système de pointage de 1 à 7 pour en déterminer le degré.

1 à 3 pour faible
4 à 6 pour modéré
7 et + pour sévère

La façon de le traiter diffère également d’un degré à l’autre.

Pour un niveau faible (que tous les grimpeurs connaissent bien), il s'agit de boire beaucoup d’eau, de prendre «advil ou tylénol» et du repos.

Pour un niveau modéré,il faut boire beaucoup d’eau, prendre «advil ou tylénol" et cesser immédiatement l’ascension jusqu’à ce que les symptômes disparaissent.

Pour un niveau sévère, la descente doit être immédiate.

Quels en sont les principaux symptômes ; maux de tête, résistants même aux advils et tylénols, insomnie, nausées et perte d’appétit, étourdissements, vomissements, difficultés respiratoires au repos, fatigue anormale, faible production d’urine, etc. Chacun de ces symptômes ayant une valeur variant de 1 à 3 points.

Par exemple, pour ma part, mes symptômes ont été les suivants ; maux de tête résistants aux advils et tylénols (2 points), étourdissements (1 point), nausées et perte d’appétit (1 point) et fatigue anormale (3 points) pour un total de 6 points. Ce pointage signifiait la fin d’un rêve pour moi ce matin là…

En ce qui nous concernent, nous avons tous été atteints du MAM, à des niveaux entre 5 et 6 points, ce qui signifiait dans chacun de nos cas l’arrêt de l’ascension et par conséquence la redescente au camp de base pour deux d’entre nous.

À la lecture de vos nombreux messages, nous tenons tous à souligner qu’il n’y a pas été question de choix pour aucun d’entre nous, puisque la décision fut prise par les autorités en place c’est-à-dire le médecin traitant et le guide en chef. Bien sûr, nous avons tous été en accord avec les décisions prises aux différents moments, personnes ne voulant mettre sa vie et celle des autres en danger, la montagne ayant déjà fait son lot de victimes en ce début d’année. Si aujourd’hui, nous nous sentons tous d’attaque pour en reprendre l’ascension, il nous en est toutefois impossible dû à la formule choisie, soit celle d’un trek public. Dans ce genre de trek, nous ne contrôlons pas toutes les données puisque nous suivons un horaire fixe ne nous permettant pas l’ajout de journées.

C’est avec certes un grand regret que nous attendons tous le retour du groupe, mais également avec le sentiment du travail accompli! Nous avons tous les trois fait tout en notre pouvoir pour atteindre notre objectif qui, nous vous le rappellons était de ramasser des fonds pour la Société canadienne de la sclérose en plaques.

Effectivement,si nous avons transporté avec nous tous ces équipements électroniques et avons tous mis tant d’efforts à vous tenir informer de notre avancement, c’est principalement pour cette cause. Une bonne façon pour vous de nous signifier votre appui est très certainement de visiter notre site www.aconcagua2009.com et d’en profiter pour faire une contribution en ligne aussi petite soit-elle. Notre véritable objectif étant d’atteindre 20,000$.

Nous vous rappellons également que la totalité des dons recueillis seront directement versés à la Société canadienne de la sclérose en plaques et que tous les frais liés à notre expédition ont été entièrement assumés par les membres de l’équipe.

En résumé, nous espérons que cet article aura su démystifier pour vous ce qu’est le MAM et ce que cela représente pour nous concrètement. Pour nous, l’aventure ce poursuit, car il nous faut maintenant attendre le reste du groupe et franchir les deux jours de marche qui nous séparent encore du confort d’une vraie douche chaude et d’un bon lit douillet. Nous ne vous oublierons pas pour autant, nous reviendrons avec de nouvelles aventures plus urbaines celles-là…

Au plaisir de vous revoir tous et tout particulièrement mon amour Lorraine et mes enfants Kaven, Sarah et Noémie!

Stéphane Morin
Chef d’équipe